Gestion et traitement des acouphènes

L’acouphène se définit comme une sensation ou une perception sonore qui n’a pas de réalité physique extérieure. On distingue l’acouphène objectif, dont l’origine est un bruit physiologique (à l’intérieur du corps) que l’on peut mesurer, de l’acouphène subjectif, pour lequel aucun son interne n’a pu être identifié. L’acouphène subjectif a une prévalence de 15-18% dans la population. Dans les cas graves, celui-ci est invalidant et est la cause d’une grande souffrance psychologique aux conséquences sociales, familiales et professionnelles importantes.

Les causes de l’acouphène sont diverses, bien qu’une majorité de patients rapportent son apparition consécutivement à un traumatisme sonore ou émotionnel. Actuellement, les mécanismes physiopathologiques sont encore largement méconnus. Bien que l’origine ou le déclencheur du trouble soit le plus fréquemment une altération du système auditif périphérique s’accompagnant d’une perte auditive permanente, la communauté scientifique s’accorde aujourd’hui pour dire que l’acouphène chronique est un trouble neurologique, dans lequel des facteurs psychologiques jouent un rôle prépondérant dans l’apparition, la pérennisation et son évolution (modulation). Ainsi, des modifications au niveau de la structure et du fonctionnement du cerveau de personnes souffrants d’acouphènes chroniques ont été identifiées (articles 1 et 2). Ces modifications au niveau cérébral s’accompagnent de troubles au niveau de certains mécanismes cognitifs liés à l’attention et aux fonctions exécutives (articles 3, 4 et 5). De manière générale, chercheurs et praticiens constatent que l’acouphène apparaît sur un terrain anxieux et dépressif, dans un contexte de stress, et/ou chez des personnes ayant une personnalité rigide ou axée sur le contrôle.

Dans l’état des connaissances médicales et scientifiques actuelles, l’acouphène subjectif (chronique) est incurable dans la grande majorité des cas. Incurable ne veut pas dire qu’il n’y a rien à faire, bien que la prudence s’impose face à la multitude des traitements proposés dont l’efficacité et le bienfondé sont parfois questionnables.

 

Ce que je propose :

1.Gestion des acouphènes

L’approche vise à diminuer l’impact de l’acouphène sur la qualité de vie. Ceci se fait par le biais d’une information juste et précise concernant l’acouphène, ses mécanismes et ce qui l’influence et peut ou non l’aggraver. Sur base de la littérature et de mon expérience, je démonte les idées préconçues erronées qui sont sources d’inquiétudes, de stress et qui peuvent avoir un impact psychologique négatif, altérer la qualité de la vie sociale et/ou professionnelle. Ensemble nous identifions les facteurs et habitudes de vie qui influencent négativement l’acouphène, son intensité et la gêne qu’il occasionne, afin de les contrôler et de les diminuer. En parallèle, nous mettons en place des stratégies et des actions qui ont un effet positif direct ou indirect sur la perception de l’acouphène et de l’inconfort qu’il génère. Enfin, nous travaillons sur des facteurs psychologiques, comme l’humeur, le stress et l’anxiété, qui ont un impact sur la perception de l’acouphène et le degré d’inconfort qui y est lié.

2. Traitement des acouphènes :

Depuis de nombreuses années la stimulation transcrânienne par courant direct ou, en anglais, transcranial direct current stimulation (tdcs), est utilisée pour traiter avec succès divers troubles tels que la dépression, l’anxiété, les troubles de la concentration, etc.  Depuis quelques années, cette méthode est appliquée à l’acouphène. A l’heure actuelle, nous manquons de recule et d’études scientifiques pour affirmer avec certitude que cette méthode a un effet certain ou probable sur l’acouphène, mais certaines études montrent une amélioration chez certains patients : diminution de l’intensité de l’acouphène et/ou diminution de la gêne ressentie. La région cérébrale le plus souvent ciblée est une région se situant à l’avant du cerveau au niveau du cortex préfrontal.  La méthode est simple et sans risque. 

Travaux de recherches réalisés en collaboration avec le service ORL des cliniques universitaires Saint-Luc et l’UCL – avec le soutien de la région bruxelloise (innoviris) et de la communauté française (FNRS). Publications 

  1. Dysregulation of limbic and auditory network in tinnitus. Leaver, AM, Renier, LA., Rauschecker J. et al. (2011). Neuron. Jan 13;69(1):33-43.     Lien vers article 
  2. A key role of the prefrontal cortex in the maintenance of chronic tinnitus: An fMRI study using a Stroop task. Araneda R, Renier L, Deggouj N, De Volder AG. (2017). Neuroimage Clin. Oct 31;17:325-334. doi: 10.1016/j.nicl.2017.10.029. eCollection 2018. Lien vers article
  3. Tinnitus specifically alters the top-down executive control sub-component of attention: evidence from the Attention Network Task. Heeren A, Maurage P, Perrot H, De Volder A, Renier L, Araneda R, Lacroix E, Decat M, Deggouj N, Philippot P. Behav Brain Res. 2014 Aug 1;269:147-54. doi: 10.1016/j.bbr.2014.04.043. Epub 2014 May 2. Lien vers article
  4. Altered cognitive control and auditory processing in tinnitus: evidences from auditory and visual spatial Stroop tasks. Araneda, R, Deggouj, N, Decat M, De Volder A,… and Renier, L. (2015) Restor Neurol Neurosci. 2015;33(1):67-80. doi: 10.3233/RNN-140433. Lien vers article
  5. Altered Inhibitory Control and Increased Sensitivity to Cross-Modal Interference in Tinnitus during Auditory and Visual Tasks. Araneda R, Deggouj N, De Volder A, and Renier L. (2015).One. 2015 Mar 12;10(3):e0120387. doi: 10.1371/journal.pone.0120387. eCollection 2015. Lien vers article 

Conférences choisies :

Renier, L. Rôle du cortex préfrontal dans l’acouphène chronique : Implication pour le diagnostic et le traitement. 7ème colloque de l’AFREPA, Marseille, Septembre, 16-17, 2016. Invité par le Dr. Michel Paolino.

Renier, L. Dérégulation du cortex préfrontal dans l’acouphène chronique : Nouvelles pistes pour un traitement efficace. Réunion annuelle de l’AFREPA, Paris, Mars, 12, 2016. Invité par la Dr. Marie José Esteve Fraysse.

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